Tim Mareda

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Deux fentes, de la lumière, il n’en faut pas plus pour révéler la distance qui sépare bien souvent l’observé du compris. S’ouvre alors comme une double brèche dans l’édifice des certitudes. On s’était habitué à l’idée d’un monde partagé, d’un coté les choses qui diffractent et de l’autre celles qui ne diffractent pas. Nature ondulatoire et nature corpusculaire. Vibrations ou trajectoires. Compartiments confortables pour qui veut décrire le monde. Déboule l’expérience peau de banane qui se moque des frontières, comme si soudainement la terre n’était plus distincte de la mer.
Manifestation d’une physique que la mécanique quantique sait décrire mais n’explique pas. Une clef sans porte en quelque sorte. Glissant de faits aux représentations, on tente d’imaginer quel est le subterfuge auquel se livre la nature, qui questionne la notion de réalité. Il y a l’interprétation dite ontologique de De Broglie, corpuscules portés par une onde pilote. Deux systèmes imbriqués en somme. « Not right, not even wrong » nous dit Wolfgang Pauli. Lui croyait en l’interprétation de Copenhague : c’est par l’acte de mesure qu’on échappe à l’indétermination fondamentale, l’état quantique, dans lequel baignerait l’univers tout entier. Une « extravagance philosophique guidée par le désespoir » selon Erwin Schrödinger. Les agnostiques observent silencieux, se disant que la querelle est vaine.
On ne comprend que ce qu’on connaît, et on ne connaît que ce qu’on peut atteindre. Reste que les idées, à l’image des corps, cheminent et interfèrent. Ne dessinent-elles pas aussi une trace complexe et dynamique, un reflet du monde ?

Tim Mareda, Genève, le 25 novembre 2016

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