La réalité réenchantée

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Philippe Fretz (*1969, vit à Genève) se fait l’archéologue de nos mémoires. Ses tableaux portent la
marque de ces remontées dans le temps, puisant dans ses souvenirs d’enfance, mêlés de bribes vues ou
entendues, de souvenirs de voyages et de nombreuses références historiques : « Je suis un maniaque de
la référence » confie le peintre. Formé à l’Ecole d’Arts Visuels de Genève, Philippe avoue rapidement
une préférence pour Mantegna, Giotto, Cranach ou Patinir, au moment où la critique annonce la mort
de la peinture, à plus forte raison de la peinture figurative. Lui est fasciné par l’attention portée par les
maîtres de la Renaissance au détail, au quotidien, à la matière. Tout de suite, il se place du côté d’un
Gérard Garouste ou d’un Balthus, des peintres qui soumettent la réalité à leurs propres règles.

Philippe Fretz se rattache à un courant contemporain qui accumule références et citations. Le peintre
emprunte aux sciences, et surtout à l’histoire, pour des récits à tiroir, parfois en plusieurs panneaux. L’
ex usine Kugler, où se situe son atelier à Genève, est ainsi l’objet d’une suite de récits en quatre volets.
Le peintre y aborde des problèmes bien contemporains, aménagement du territoire, effacement du
passé, perte de la mémoire. L’ex usine Kugler est décrite comme un lieu de respiration pour la ville,
avec ses espaces verts, mais aussi ses artistes. Elle symbolise la création en train de se faire. Depuis
2009, l’ex-usine Kugler à la pointe de la Jonction à Genève regroupe six associations d’artistes, de
nombreux ateliers et espaces d’exposition.

Réalisés en alternance avec la peinture, les dessins de Philippe Fretz constituent une respiration, un
« vagabondage de la pensée ». Sa pratique quotidienne du dessin couche sur le papier des souvenirs
personnels, de façon libre et spontanée. Les dessins permettent de laisser le souvenir remonter, de tirer
des liens entre passé historique et passé personnel.

Véronique Ribordy